

L’élection de Donald Trump en 2016 a marqué une rupture avec les élites globalistes incarnées par le Forum économique mondial (WEF). Hostile aux logiques transnationales et critique des institutions internationales comme l’OMS, son administration a freiné plusieurs projets de coordination sanitaire mondiale. À la lumière des ambitions affichées par le WEF en matière de gouvernance pandémique — centralisation, numérisation des données de santé, mécanismes de réponse supranationaux — il est légitime de se demander si, sans la parenthèse souverainiste incarnée par Trump, le forum aurait pu imposer plus tôt son agenda sanitaire mondial.

Dès 2015, le WEF évoquait la nécessité de mieux anticiper les futures pandémies par la mise en place d’un système global d’alerte, de réaction et de vaccination rapide. En collaboration avec la Fondation Gates et des institutions comme le Johns Hopkins Center for Health Security, le forum préparait les bases d’un modèle de gouvernance qui dépasserait les souverainetés nationales au nom de l'efficacité.
Ce modèle, formalisé en partie lors des discussions autour de la "Great Reset Initiative", repose sur une logique technocratique fondée sur la gestion algorithmique des risques sanitaires et la coordination entre grandes firmes pharmaceutiques, agences sanitaires et acteurs multilatéraux.

L’élection de Donald Trump a provoqué un ralentissement brutal de cette dynamique. Sceptique vis-à -vis de l’OMS, qu’il a accusée de collusion avec la Chine, et opposé à toute forme de contrainte supranationale, Trump a retiré les États-Unis de certaines initiatives globales de coordination sanitaire, affaiblissant la légitimité de l’agenda porté par le WEF.
Sa position a eu un effet domino : elle a permis à d'autres États de remettre en cause la centralisation des décisions sanitaires et a redonné un espace politique au principe de souveraineté dans la gestion des crises.

Malgré ce coup d’arrêt, le WEF a poursuivi en arrière-plan la structuration de son modèle. La pandémie de Covid-19 a été utilisée comme accélérateur pour réinstaller l’idée d’un agenda sanitaire mondial. En 2021, lors de discussions à Davos, les dirigeants de Pfizer, GAVI, et de l’OMS ont soutenu la nécessité d’un traité international sur les pandémies, qui établirait des règles communes et centralisées pour toutes les futures crises sanitaires.
Sans le mandat souverainiste de Trump, il est probable que ces mécanismes auraient été mis en place plus tôt et avec moins de résistance. Son élection a constitué un contretemps politique majeur pour l’agenda du WEF, mais non un abandon de ses ambitions.

Le Forum économique mondial n’a jamais dissimulé son ambition de piloter une nouvelle gouvernance sanitaire planétaire, fondée sur la prévision technologique, l’uniformisation des réponses et la mobilisation des grands acteurs privés. L’élection de Donald Trump a retardé, mais non empêché, la progression de cet agenda. Sans cette rupture politique inattendue, le WEF aurait sans doute avancé plus vite dans la mise en place de standards sanitaires mondiaux, au détriment des souverainetés nationales. Le cas de la pandémie de Covid-19 confirme que ce projet demeure actif et structuré, et qu’il nécessitera, à l’avenir, une réponse démocratique claire.