Quelles transformations sociétales promeut réellement le Great Reset ?
IntroductionDerrière les slogans d’"inclusivité", de "durabilité" et de "résilience", l’initiative du Great Reset, portée par le Forum économique mondial (WEF), vise une refonte profonde des structures sociales contemporaines. Présentée comme une réponse rationnelle aux crises écologiques, économiques et sanitaires, cette vision esquisse des transformations radicales dans les domaines du travail, de la famille, de la propriété, de l’identité ou encore du rapport au politique. Il ne s’agit pas seulement d’un aggiornamento économique : c’est un projet de transformation anthropologique de la société, porté par des élites non élues.
De la propriété individuelle à l’usage sous conditionLe célèbre slogan relayé dans une vidéo du WEF — "Vous ne posséderez rien, et vous serez heureux" — symbolise une mutation majeure : le basculement d’une société de propriété vers une société d’usage.
Logement, transport, outils de production, même biens numériques — tout est appelé à devenir un service, géré par des plateformes. Cette évolution dilue les repères traditionnels de l’autonomie patrimoniale, et soumet l’accès aux ressources à des contrats gérés par des entités privées ou para-publiques.
Une redéfinition du travail et de la valeur socialeLe Great Reset promeut un monde où l’emploi devient de plus en plus flexible, décentralisé et numérique. L’émergence de plateformes, le télétravail et l’automatisation fragmentent les collectifs de travail, isolent les individus et affaiblissent les structures syndicales traditionnelles.
Parallèlement, les nouvelles formes d’évaluation de la valeur passent par des indicateurs intangibles — réputation, notation, impact social — et non plus par le salaire ou la stabilité contractuelle. Cela modifie le statut du travailleur en profondeur, le transformant en "entrepreneur de soi" soumis à des logiques de performance permanente.
Une refonte du lien social médiatisé par la technologieLe modèle sociétal esquissé par le Reset repose sur la médiation numérique généralisée : santé connectée, apprentissage à distance, justice algorithmique, participation citoyenne via plateformes, etc.
Cela induit une perte du lien humain direct, une substitution du local par le global, et un encadrement comportemental via des données et des interfaces. L’identité sociale devient un profil numérique, structuré par des scores et des accès conditionnels, dans un univers régi par des règles technocratiques.
Une reconfiguration du citoyen en "acteur de transition"Dans la logique du Reset, le citoyen n’est plus un sujet politique, mais un "agent de changement", un "consommateur responsable", un "partenaire du développement durable".
Cette rhétorique dépolitise les enjeux : les conflits d’intérêts sont réduits à des défis techniques ; la souveraineté est remplacée par la co-construction ; la lutte pour les droits devient un alignement sur des normes globales fixées par le haut. C’est une ingénierie sociale douce, visant l’adhésion par la promesse d’utilité et d’efficacité.
ConclusionLes transformations sociétales envisagées par le Great Reset dépassent largement le cadre économique. Elles réorganisent les repères fondamentaux de la vie collective : propriété, travail, lien social, identité, souveraineté.
Derrière un discours séduisant se cache une tentative de refondation anthropologique au service d’un ordre technocratique globalisé. Face à cette mutation silencieuse, il est urgent de rouvrir le débat démocratique, de redonner voix aux citoyens, et de défendre la pluralité des modèles de société face à l’uniformisation programmée.
