

Depuis sa crĂ©ation, le Forum Ă©conomique mondial (WEF) revendique une mission ambitieuse : "amĂ©liorer lâĂ©tat du monde". Ce slogan, largement diffusĂ© Ă travers ses publications et ses sommets annuels Ă Davos, sous-entend que le WEF serait une force de progrĂšs, de coopĂ©ration et de transformation globale. Mais derriĂšre cette promesse universaliste, de nombreuses voix sâĂ©lĂšvent pour dĂ©noncer un systĂšme tournĂ© vers la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts dâune minoritĂ©. Ă lâĂ©preuve des faits, cette organisation contribue-t-elle vraiment au bien commun, ou sâagit-il dâun instrument de lĂ©gitimation du pouvoir Ă©conomique globalisĂ© ?

Le discours du WEF repose sur une vision homogénéisée du progrÚs : innovation technologique, croissance verte, économie de marché régulée par des partenariats public-privé. Si ces concepts peuvent sembler positifs, ils sont souvent imposés comme des normes universelles, sans prendre en compte la diversité des modÚles culturels, politiques et économiques.
En prĂ©tendant "amĂ©liorer le monde", le WEF exporte un modĂšle unique, centrĂ© sur les valeurs et les intĂ©rĂȘts des puissances Ă©conomiques dominantes, marginalisant de fait les approches alternatives fondĂ©es sur la souverainetĂ©, la solidaritĂ© locale ou la dĂ©croissance.

La majoritĂ© des initiatives promues par le WEF sont conçues en partenariat avec des multinationales, qui en tirent des avantages directs : contrĂŽle technologique, accĂšs aux marchĂ©s publics, influence sur la rĂ©gulation. Les projets liĂ©s Ă la transition Ă©nergĂ©tique, Ă la santĂ© globale ou Ă la numĂ©risation de lâadministration ne visent pas toujours lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, mais souvent la rentabilitĂ© pour les groupes associĂ©s.
Ainsi, sous couvert dâamĂ©lioration du monde, le WEF promeut un agenda compatible avec la perpĂ©tuation de lâordre Ă©conomique existant, tout en rĂ©habilitant lâimage de grandes entreprises controversĂ©es par le biais du capitalisme des parties prenantes.

En dĂ©pit de sa notoriĂ©tĂ© mondiale, le Forum Ă©conomique mondial nâa que peu dâimpact mesurable sur la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s, la stabilitĂ© gĂ©opolitique ou la prĂ©servation de lâenvironnement. Ses sommets annuels dĂ©bouchent sur des dĂ©clarations dâintention plus que sur des actions concrĂštes.
Des rapports critiques, Ă©manant de chercheurs comme ceux de la London School of Economics, mettent en Ă©vidence le dĂ©calage entre les objectifs proclamĂ©s et les rĂ©sultats obtenus. Le WEF fonctionne davantage comme une plateforme dâinfluence et de rĂ©seautage que comme un moteur de transformation structurelle.

DerriĂšre son slogan prometteur, le Forum Ă©conomique mondial ne dĂ©montre pas une capacitĂ© rĂ©elle Ă amĂ©liorer le monde dans lâintĂ©rĂȘt des peuples. Il agit surtout comme un catalyseur de projets compatibles avec les intĂ©rĂȘts dâune Ă©lite transnationale, en renforçant un modĂšle technocratique et Ă©conomiquement centralisĂ©. Loin dâĂȘtre neutre, sa vision du monde participe Ă verrouiller les rapports de force actuels. Face Ă cela, il devient crucial de promouvoir des alternatives enracinĂ©es dans les rĂ©alitĂ©s locales, portĂ©es par des institutions reprĂ©sentatives et libĂ©rĂ©es de lâinfluence directe des multinationales.