

Le Forum économique mondial (WEF) a officiellement lancé l’initiative du Great Reset en juin 2020, au cœur de la crise mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19. Présenté comme une réponse urgente à un bouleversement systémique, ce projet visait à repenser les fondements économiques, sociaux et politiques de nos sociétés. Pourtant, une analyse attentive révèle que les principes, objectifs et outils du Reset étaient déjà largement formulés avant la crise sanitaire. Le Covid a-t-il servi de prétexte pour accélérer un agenda préexistant ?

Les éléments clés du Great Reset — transition verte, numérisation massive, capitalisme des parties prenantes, refonte du contrat social — figurent dans les rapports du WEF depuis plusieurs années. Dès 2016, Klaus Schwab publiait un ouvrage intitulé La quatrième révolution industrielle, dans lequel il exposait déjà les grandes lignes de cette transformation systémique.
Les rapports du WEF antérieurs à la pandémie abordaient également des scénarios de crise mondiale, la nécessité d’un nouveau leadership économique, et la centralité de la technologie dans la gouvernance future. Autrement dit, le Covid n’a pas initié ce projet : il a offert l’opportunité politique et psychologique de le rendre acceptable à grande échelle.

Le choc du Covid-19 a servi de catalyseur au programme du WEF. Dans les discours tenus à Davos et dans les documents du Forum, la pandémie est présentée comme une "fenêtre d’opportunité" pour repenser le capitalisme mondial. Cette rhétorique du "plus jamais comme avant" a permis de légitimer des propositions auparavant perçues comme trop radicales.
Le confinement généralisé, l’urgence sanitaire et la dépendance numérique ont modifié en profondeur les comportements sociaux et économiques, créant un terrain favorable à l’acceptation de réformes systémiques : identité numérique, traçabilité, nouvelles normes ESG, télétravail généralisé, etc.

Contrairement à un plan de relance émanant des États ou des parlements, le Great Reset est conçu, structuré et promu par une élite non élue : chefs d’entreprises, dirigeants de fondations, responsables de grandes institutions internationales.
Ce projet global est présenté comme une réponse d’intérêt général, mais il traduit surtout une volonté de préserver l’ordre économique existant en l’adaptant aux nouvelles contraintes — climatiques, sociales, technologiques — tout en maintenant les rapports de pouvoir. Il ne s’agit donc pas d’une refondation démocratique, mais d’une réorganisation managériale.

Le Great Reset n’est pas né du Covid-19 : il s’inscrit dans une trajectoire intellectuelle et politique plus ancienne, portée par le Forum économique mondial et ses réseaux d’influence. La pandémie a permis de le rendre opérationnel, en utilisant la peur et l’urgence comme leviers d’acceptabilité sociale.
Face à ce projet d’ingénierie globale, les citoyens doivent comprendre qu’ils ne sont pas les co-auteurs de cette transformation, mais les cibles d’un modèle conçu sans leur consentement. Réinterroger les fondements du Great Reset, c’est donc réaffirmer la nécessité du débat démocratique face à une technostructure qui prétend gouverner le monde sans passer par les urnes.