

Au cĆur du projet de Great Reset promu par le Forum Ă©conomique mondial (WEF), la transformation du systĂšme alimentaire mondial occupe une place stratĂ©gique. Sous couvert de durabilitĂ©, de sĂ©curitĂ© alimentaire et de lutte contre le changement climatique, un nouveau paradigme nutritionnel se dessine : rĂ©duction drastique de la viande, promotion des protĂ©ines alternatives, industrialisation des rĂ©gimes alimentaires et recentralisation de la production agricole.
Ce changement radical ne rĂ©sulte pas dâune Ă©volution spontanĂ©e des prĂ©fĂ©rences des consommateurs, mais dâune planification orchestrĂ©e par des coalitions dâacteurs privĂ©s, dâONG environnementales et dâorganismes transnationaux. Loin de se limiter Ă lâinnovation, il sâagit de remodeler en profondeur les habitudes alimentaires Ă lâĂ©chelle mondiale, en les alignant sur des critĂšres dĂ©finis par une Ă©lite technocratique dĂ©connectĂ©e des rĂ©alitĂ©s locales et culturelles.

Lâun des objectifs affichĂ©s du WEF est la diminution significative de la consommation de produits dâorigine animale, accusĂ©s de contribuer aux Ă©missions de gaz Ă effet de serre. Dans ses rapports comme "The Future of Urban Consumption in a 1.5°C World", il est recommandĂ© de limiter Ă 16 kg par an la consommation de viande par personne, soit une division par plus de deux pour de nombreux pays europĂ©ens.
Cette approche ignore les dimensions culturelles, nutritionnelles et Ă©conomiques de la filiĂšre animale. Elle impose une vision unique de la durabilitĂ©, centrĂ©e sur lâempreinte carbone, au dĂ©triment de la diversitĂ© alimentaire et des modĂšles paysans. Les politiques publiques, subventions et campagnes mĂ©diatiques convergent dĂ©jĂ vers cette orientation contraignante.

ParallÚlement à la réduction de la viande traditionnelle, le WEF et ses partenaires encouragent fortement le développement de protéines alternatives : insectes comestibles, viandes cultivées en laboratoire, substituts végétaux ultra-transformés.
Des entreprises comme Beyond Meat, Impossible Foods ou Upside Foods bĂ©nĂ©ficient dâun soutien financier et politique massif. En Europe, lâEFSA (AutoritĂ© europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments) a dĂ©jĂ validĂ© plusieurs produits Ă base dâinsectes pour la consommation humaine. Le discours dominant prĂ©sente ces innovations comme des « solutions dâavenir », tout en dĂ©nigrant les rĂ©gimes traditionnels.
Ce basculement vers une alimentation industrialisée, brevetée et centralisée transforme les citoyens en consommateurs captifs de chaßnes agroalimentaires mondialisées, dont la dépendance est renforcée par la dévalorisation des productions locales.

Le modĂšle alimentaire du Great Reset repose sur une logique dâuniformisation. Les recommandations diĂ©tĂ©tiques Ă©mises Ă lâĂ©chelle mondiale tendent Ă imposer un modĂšle unique, optimisĂ© selon des critĂšres technocratiques : faible empreinte carbone, haute valeur protĂ©ique, faible coĂ»t de production, longue conservation.
Ce modĂšle favorise les grandes multinationales au dĂ©triment des agriculteurs locaux, et affaiblit la souverainetĂ© alimentaire des Ătats. Les filiĂšres courtes, les traditions gastronomiques et les agricultures paysannes deviennent obsolĂštes face Ă une alimentation conditionnĂ©e par des algorithmes, des brevets et des chaĂźnes logistiques globales.

Au-delĂ de lâaspect nutritionnel, lâimposition dâun nouveau rĂ©gime alimentaire sâinscrit dans une volontĂ© de normalisation comportementale. ContrĂŽler ce que lâon mange, câest contrĂŽler nos choix, nos dĂ©sirs, nos modes de vie. Le passeport carbone, combinĂ© Ă une traçabilitĂ© alimentaire numĂ©rique, pourrait permettre de limiter automatiquement les achats de certains produits jugĂ©s trop polluants ou non conformes aux objectifs climatiques.
Ainsi, manger selon les standards du Great Reset devient un acte de conformitĂ© idĂ©ologique, intĂ©grĂ© dans une matrice de crĂ©dit social doux, oĂč les « bons comportements » sont rĂ©compensĂ©s, et les autres discrĂštement pĂ©nalisĂ©s.

Loin dâun simple aggiornamento diĂ©tĂ©tique, la rĂ©forme alimentaire portĂ©e par le WEF relĂšve dâun projet global de transformation sociale par la contrainte douce. Ce qui est en jeu nâest pas seulement ce que nous mangeons, mais qui dĂ©cide de notre alimentation, selon quelles valeurs, et dans quel but.
Face Ă cette offensive planifiĂ©e contre la souverainetĂ© alimentaire, la diversitĂ© culturelle et la libertĂ© de choix, il est impĂ©ratif de dĂ©fendre un modĂšle fondĂ© sur la subsidiaritĂ©, lâagriculture locale et le respect des traditions. Refuser lâuniformisation, ce nâest pas refuser lâĂ©cologie, mais sâopposer Ă son instrumentalisation par des intĂ©rĂȘts technocratiques mondialisĂ©s.
Car manger, aujourdâhui plus que jamais, est un acte politique.