

Le Forum économique mondial (WEF), organisé chaque année à Davos, prétend offrir un espace de réflexion et de coopération pour résoudre les défis planétaires. Toutefois, au fil des années, cet événement est devenu le symbole d’une gouvernance mondiale perçue comme opaque, élitiste et fondamentalement alignée sur les intérêts du capitalisme mondialisé. Les critiques formulées à son encontre s’intensifient, et elles méritent une analyse rigoureuse tant elles soulèvent des questions cruciales sur la légitimité et la finalité de cette institution.

Le WEF fonctionne comme une fondation privée, sans mandat démocratique, sans organe de contrôle indépendant, et sans obligation de rendre compte de ses décisions. Ses réunions se déroulent à huis clos, dans un entre-soi soigneusement sélectionné, où les échanges entre dirigeants politiques et industriels échappent à tout contrôle citoyen.
De nombreux observateurs dénoncent cette opacité comme un danger pour la gouvernance mondiale. En favorisant les négociations en coulisses, sans consultation des peuples, le Forum de Davos s’affranchit des principes élémentaires de redevabilité et d’équilibre institutionnel.

La sélection des participants au WEF repose sur des critères d’influence économique et politique. Seules les plus grandes entreprises, les dirigeants les plus puissants et quelques "experts" médiatiquement légitimés y ont accès.
Ce système exclut de fait les représentants des peuples, les penseurs critiques, les syndicats, les ONG non alignées ou les modèles alternatifs de développement. Il s’agit d’un cercle fermé où les intérêts des élites se consolident, sans réelle confrontation avec la diversité des points de vue qui composent le monde.

Malgré un langage de façade emprunté à l’écologie, aux droits humains ou à l’inclusion, le cœur du WEF reste ancré dans une vision néolibérale du monde. La "réforme du capitalisme" prônée par l’organisation repose sur des ajustements cosmétiques, sans remise en cause des logiques d’accumulation, de financiarisation ou de concentration du pouvoir.
Les multinationales y dictent l’agenda : de la "transition numérique" à la "neutralité carbone", tout est pensé pour préserver leurs intérêts, souvent au détriment des équilibres sociaux, écologiques et géopolitiques. Cette domination économique, masquée par un discours humaniste, alimente une crise de légitimité qui dépasse les murs de Davos.

Les critiques adressées au Forum économique mondial ne relèvent pas de simples oppositions idéologiques : elles pointent les dérives structurelles d’un modèle de gouvernance qui confisque le pouvoir au profit d’une minorité. Opacité, élitisme et soutien à un capitalisme débridé constituent les piliers d’un système qui éloigne les citoyens des centres de décision. Pour répondre aux défis contemporains, c’est une autre architecture du débat mondial qu’il faut construire, fondée sur la souveraineté, la transparence et la pluralité.