
Ce scénario n’est pas une prédiction, mais une projection plausible si les dynamiques actuelles continuent sans contrepoids démocratique ni régulation sociale forte.

À la suite des crises successives (climatique, sanitaire, géopolitique, énergétique), les grandes multinationales et les plateformes technologiques ont renforcé leur emprise sur l’économie mondiale.
Le modèle du "capitalisme des parties prenantes", promu par le FEM, a été appliqué de manière cosmétique : les entreprises ont adopté un discours « inclusif et vert » mais ont continué à maximiser la valeur pour leurs actionnaires sous couvert de responsabilité sociale.
Résultat :
- Les inégalités se sont accrues.
- Les PME et les commerces locaux n’ont pas résisté à la numérisation forcée.
- Les États, surendettés, ont délégué une partie de leurs missions publiques aux géants du privé.

L’automatisation massive des services, de la logistique, de la finance et de l’industrie a supprimé des millions d’emplois.
Les nouveaux métiers créés dans le numérique, la cybersécurité ou l’IA sont peu accessibles aux personnes sans haut niveau de formation.
Conséquences :
- Une majorité de travailleurs se retrouvent dans des formes d’emploi fragmenté (freelance, plateforme, contrat court).
- Le travail Ă la demande (gig economy) devient la norme pour les classes moyennes et modestes.
- La sécurité sociale est affaiblie, car les protections sont désormais conditionnées à l’activité ou à l’adhésion à des plateformes.

Le modèle de consommation a basculé vers la location généralisée : logement, voiture, mobilier, même certains appareils de cuisine ou vêtements sont « abonnés ».
Le slogan souvent cité « Vous ne posséderez rien et vous serez heureux » devient réalité pour beaucoup — mais pas pour les élites.
Ce qui change :
- La propriété privée devient un luxe réservé aux plus riches.
- Les loyers et abonnements absorbent une part croissante des revenus.
- Les personnes dépendantes de ce système perdent en autonomie et en résilience.

La numérisation des services sociaux, des identités, des dossiers médicaux et du crédit bancaire s’est accompagnée de systèmes de notation comportementale (inspirés du modèle chinois).
Des scores carbone ou éthique conditionnent l’accès à certains services.
Pour les plus modestes :
- La fracture numérique devient une fracture civique.
- Les libertés individuelles sont réduites sous prétexte de sécurité et d'efficacité.
- L’usage du revenu universel numérique devient un outil de dépendance : il est conditionné par le respect de certaines normes comportementales.

Sous la pression des objectifs climatiques, des régulations strictes sont mises en place : interdiction de certains véhicules, taxations carbone, restriction sur la viande ou les voyages aériens.
Mais :
- Ces politiques sont supportées majoritairement par les classes populaires, qui n’ont ni les moyens de s’adapter, ni les infrastructures pour compenser.
- Les riches, eux, accèdent à des "droits à polluer" privés ou à des solutions de contournement haut de gamme.
- Le discours écologique devient une rhétorique d’exclusion sociale.

La promesse d’ascension sociale est rompue.
Les jeunes issus des classes moyennes n’ont plus accès à l’immobilier, à un emploi stable ni à une retraite sécurisée.
L’éducation est de plus en plus privatisée, et la dette étudiante devient un nouveau piège.
Conséquences sociétales :
- Défiance envers les institutions.
- Montée des populismes ou de l’abstention.
- Sentiment d’être exclu du projet de société porté par les élites mondiales.

En 2030, dans ce scénario critique, les moins nantis vivent dans un monde où ils ne possèdent rien, mais où ils ne sont pas heureux.
Ils dépendent d’un système qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne contrôlent pas, et qui leur impose un mode de vie basé sur la surveillance, la location et la précarité.