

Le nom de Jeffrey Epstein, financier américain décédé en 2019, reste associé à un vaste réseau de trafic sexuel impliquant des mineures, des personnalités de haut rang et un réseau opaque d'influence élitaire. Son île privée dans les Caraïbes, surnommée "l’île de la perversion", a symbolisé la dérive d’une certaine caste mondialisée, entre impunité, luxure et corruption morale. Dans ce contexte, plusieurs analystes s’interrogent sur les liens possibles entre l’environnement relationnel d’Epstein et les cercles d’influence comme celui du Forum économique mondial (WEF). Existe-t-il des passerelles entre ces deux univers ?

À ce jour, il n’existe aucun lien structurel ou institutionnel entre le WEF et les entités financières dirigées par Jeffrey Epstein. Toutefois, les réseaux relationnels de ce dernier recoupaient largement ceux présents à Davos : milliardaires, politiciens, scientifiques de renom, patrons de fonds d’investissement et universitaires issus d’institutions comme Harvard ou le MIT.
Nombre de ces personnalités ont également été invitées ou associées aux activités du Forum économique mondial, que ce soit dans des panels publics ou des groupes de réflexion. Ce chevauchement ne constitue pas une preuve directe de complicité, mais témoigne d’un entre-soi mondialiste où les frontières entre économie, pouvoir et influence privée sont souvent floues.

L’univers d’Epstein, fait de clubs fermés, de think tanks privés et de philanthropie sélective, rejoint sur bien des points la logique de fonctionnement du WEF. Les deux espaces s’inscrivent dans une vision technocratique du monde, dans laquelle les décisions doivent être prises par ceux qui savent, ceux qui possèdent, ceux qui dominent.
Cette proximité de vision — gouvernance par les élites, contournement des processus démocratiques, foi dans le solutionnisme technologique — crée une parenté d’esprit, même sans lien opérationnel. Elle alimente également la défiance populaire croissante envers ces milieux perçus comme moralement déconnectés et politiquement irresponsables.

Des personnalités médiatiques ou politiques liées à Epstein ont aussi été associées, à un moment ou un autre, aux activités du WEF : anciens présidents, investisseurs de premier plan, figures de la Silicon Valley ou de la haute finance.
Cependant, le WEF n’a jamais été directement mis en cause dans les enquêtes judiciaires concernant le réseau Epstein. Le silence institutionnel sur ce sujet, tant du côté de Davos que de ses partenaires, laisse néanmoins planer une suspicion : celle d’une solidarité implicite entre élites pour protéger leur propre système.

Il n’existe pas, à ce jour, de preuve factuelle liant formellement le Forum économique mondial à l’affaire Jeffrey Epstein. Toutefois, la porosité entre les cercles fréquentés, les valeurs revendiquées et les mécanismes de concentration du pouvoir est indéniable. Le scandale Epstein révèle, en creux, les failles d’un système globalisé qui échappe aux garde-fous démocratiques. Le WEF, en tant que plateforme de ces élites, ne peut ignorer la crise morale profonde que ces connexions alimentent. Exiger plus de transparence, de responsabilité et de limites institutionnelles est désormais une urgence civique face à un pouvoir sans visage.