

Présenté par le Forum économique mondial (WEF) comme une réponse aux crises du XXIe siècle, le Great Reset ambitionne de repenser l’économie mondiale sur des bases plus durables, inclusives et technologiques. Toutefois, derrière ce discours lisse et consensuel, de nombreuses voix critiques dénoncent les implications politiques, économiques et sociétales profondes du projet. Manque de légitimité démocratique, gouvernance technocratique, influence excessive des multinationales, ou encore dérives potentielles en matière de contrôle social : les inquiétudes sont nombreuses.

L’une des critiques majeures du Great Reset tient à l’absence totale de mandat électif. Ni soumis au débat parlementaire, ni validé par les citoyens, ce projet global est conçu par un cercle restreint d’élites économiques, institutionnelles et technocratiques.
Le WEF ne dispose d’aucune légitimité démocratique pour redéfinir les fondements économiques et sociaux de la planète. Pourtant, ses propositions influencent de plus en plus les politiques publiques, souvent adoptées sans véritable consultation populaire.

Le Reset repose sur une logique descendante où les grandes décisions sont prises par des experts, des dirigeants d’entreprise et des institutions internationales, souvent en dehors de tout contrôle parlementaire.
Cette approche technocratique marginalise la souveraineté nationale, réduit l’espace du débat citoyen, et renforce l’idée que seules les élites "compétentes" peuvent gérer des enjeux complexes. Elle instaure une gouvernance algorithmique où la décision politique se dissout dans la rationalité technico-économique.

Les grandes entreprises sont les principales bénéficiaires du stakeholder capitalism promu par le WEF. Loin de limiter leur influence, le Reset institutionnalise leur rôle dans la gouvernance mondiale.
Ces multinationales contribuent à définir les normes sociales, environnementales et numériques, sans être soumises à une responsabilité publique. Cela accentue l’asymétrie de pouvoir entre acteurs privés et institutions publiques, affaiblissant encore la capacité des États à protéger l’intérêt général.

La numérisation massive encouragée par le Reset — identité numérique, traçabilité, paiement dématérialisé, IA dans les services publics — alimente les craintes de dérives vers une société de surveillance.
Le pouvoir de collecte et de traitement des données se concentre entre les mains de quelques acteurs technologiques, renforçant la possibilité d’un contrôle comportemental ou d’un pilotage social algorithmique. Le citoyen risque de devenir un "profil" analysé, noté, orienté — plutôt qu’un acteur politique libre.

Le Great Reset cristallise une série de critiques légitimes qui vont bien au-delà du débat idéologique. Il pose une question fondamentale : peut-on refonder l’ordre mondial sans mandat démocratique, en confiant les leviers du changement à des élites économiques et technocratiques ?
Derrière les promesses de durabilité et d’inclusion, ce projet révèle une architecture de pouvoir opaque, centralisée, et potentiellement autoritaire. La réponse aux défis contemporains ne peut reposer sur la seule expertise globale. Elle exige le retour à la souveraineté des peuples, à la transparence des décisions, et au respect des équilibres démocratiques fondamentaux.