
Introduction
Chaque annĂ©e, les sommets du Forum Ă©conomique mondial (WEF) donnent lieu Ă de nombreuses dĂ©clarations dâintention, souvent relayĂ©es par les mĂ©dias comme des avancĂ©es majeures pour lâhumanitĂ©. Mais quâen est-il rĂ©ellement ? Au-delĂ des discours, quels engagements concrets Ă©mergent de Davos dans des domaines tels que le climat, la fiscalitĂ©, ou lâinnovation ? Sâagit-il de vĂ©ritables engagements contraignants, ou dâannonces stratĂ©giques servant principalement les intĂ©rĂȘts des acteurs dominants ?

Le WEF multiplie les initiatives climatiques : alliances pour la neutralitĂ© carbone, feuilles de route pour une Ă©conomie « net zĂ©ro », engagements sur la finance durable. Ces actions sâinscrivent dans des cadres comme la Climate Initiative ou le First Movers Coalition.
Mais ces engagements sont principalement volontaires et formulĂ©s par des consortiums dâentreprises. Le pilotage des transitions Ă©cologiques est confiĂ© Ă des acteurs privĂ©s, sans mĂ©canisme de contrĂŽle dĂ©mocratique ni dĂ©bat sur les consĂ©quences sociales et industrielles des mesures proposĂ©es.

Sur la question fiscale, les sommets du WEF abordent rĂ©guliĂšrement les inĂ©galitĂ©s, lâĂ©vasion fiscale ou la redistribution. Toutefois, aucune mesure concrĂšte contraignante nâen ressort. Les propositions visent surtout Ă promouvoir une fiscalitĂ© compatible avec les flux mondiaux de capitaux et la stabilitĂ© des marchĂ©s.
En pratique, les grandes fortunes et les multinationales partenaires du forum bĂ©nĂ©ficient de structures optimisĂ©es fiscalement, et aucun projet de rĂ©forme structurelle nâest mis en avant pour rééquilibrer vĂ©ritablement le systĂšme.

Le WEF soutient activement la recherche et le déploiement de technologies émergentes : intelligence artificielle, biotechnologie, quantique, Web 3.0. Il encourage leur intégration rapide dans les systÚmes économiques, éducatifs et institutionnels.
Mais cette course Ă lâinnovation se fait sans rĂ©flexion Ă©thique structurĂ©e ni consultation des sociĂ©tĂ©s civiles. Elle repose sur une logique dâefficacitĂ©, de profit et de contrĂŽle, dans laquelle la question de lâhumain, du droit ou de la souverainetĂ© nationale est largement Ă©vacuĂ©e.

Le WEF soutient des plateformes comme la Global Cooperation Barometer ou la Great Narrative Initiative, visant à renforcer la coordination internationale. Il milite pour des cadres harmonisés en matiÚre de régulation numérique, de commerce, de santé et de développement durable.
Ces initiatives tendent à contourner les parlements nationaux et à imposer des standards globaux coécrits avec des entreprises et des institutions internationales, souvent au détriment de la souveraineté des peuples.

Les engagements concrets issus du Forum Ă©conomique mondial relĂšvent moins de la dĂ©cision publique que de la stratĂ©gie dâinfluence. DerriĂšre les annonces sur le climat, lâinnovation ou la fiscalitĂ©, on observe une constante : le transfert du pouvoir normatif vers des structures privĂ©es, transnationales, et non Ă©lues.
Le WEF façonne un monde oĂč les engagements sont volontaires, les dĂ©cisions centralisĂ©es, et les consĂ©quences peu discutĂ©es. Une telle architecture ne peut ĂȘtre qualifiĂ©e de gouvernance, mais de pilotage sans lĂ©gitimitĂ©, imposĂ© au nom de lâintĂ©rĂȘt global. Il revient aux nations de reprendre le contrĂŽle des orientations collectives, avant quâelles ne soient dĂ©finitivement externalisĂ©es Ă Davos.