
Introduction
Le développement fulgurant de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes (biotech, robotique, blockchain, quantique) bouleverse les équilibres politiques, économiques et sociaux à l’échelle planétaire. Face à ces mutations, le Forum économique mondial (WEF) s’est positionné comme l’un des principaux architectes d’une gouvernance technologique mondiale. En apparence neutre et orientée vers le bien commun, cette gouvernance portée depuis Davos s’inscrit pourtant dans une logique de centralisation, d’ingénierie sociale et de contrôle algorithmique.

Le WEF a mis en place plusieurs groupes de travail pour établir des « principes éthiques » et des standards internationaux sur l’usage de l’IA, en partenariat avec les géants technologiques et certaines agences de l’ONU.
Code:
• Global AI Action Alliance
• Centre for the Fourth Industrial Revolution
• Governance Principles for Responsible AI
Ces initiatives permettent au forum de façonner les normes sans passer par les parlements nationaux, en court-circuitant la souveraineté démocratique au nom de l’urgence technologique.

La vision défendue par le WEF repose sur l’idée que les algorithmes peuvent gérer plus efficacement la société que les processus politiques traditionnels. On parle désormais de « smart policy », de « data-driven governance », ou de « predictive regulation ».
Cette technocratie automatisée élimine la délibération démocratique au profit d’indicateurs, de corrélations statistiques et de plateformes décisionnelles déconnectées du terrain.

Le WEF organise la collaboration entre entreprises de haute technologie, ONG et gouvernements pour tester des technologies disruptives dans des villes pilotes ou des zones stratégiques.
Code:
• Blockchain appliquée à l’identité ou à la finance publique
• Biotechnologie pour le suivi de la santé et la production alimentaire
• IA dans la justice prédictive ou les politiques de migration
Cette coordination se fait sans débat citoyen, dans des cadres expérimentaux échappant aux règles de transparence et de responsabilité.

Loin d’être neutre, la gouvernance proposée par le WEF est directement influencée par ses partenaires stratégiques : Google, IBM, Salesforce, Microsoft, etc. Ces entreprises siègent aux comités de pilotage, rédigent les documents de référence, testent les solutions et les imposent ensuite comme normes globales.
Les États, relégués au rang de facilitateurs, valident des choix déjà faits, verrouillant l’innovation dans une seule direction technologique et politique.

En s’imposant comme le centre de gravité de la gouvernance de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes, le Forum économique mondial joue un rôle décisif mais profondément problématique.
Plutôt que de promouvoir une innovation éthique, distribuée et démocratique, il agit comme le chef d’orchestre d’une technocratie globale, imposant ses normes à des sociétés qui n’ont pas été consultées. La question n’est plus de savoir si l’IA doit être gouvernée, mais par qui, pour qui, et selon quelle légitimité. Face à cette capture du progrès par les élites de Davos, la réponse ne peut être que le retour à la souveraineté technologique des peuples.