

Dans le cadre du Great Reset, le Forum économique mondial (WEF) anticipe de profonds bouleversements dans des domaines aussi cruciaux que le travail, la monnaie et les libertés individuelles. Ces transformations, présentées comme des réponses nécessaires aux défis du XXIe siècle, s’inscrivent dans une vision globale de réorganisation systémique des sociétés humaines. Derrière les promesses d’efficacité, d’innovation et d’inclusivité, plusieurs scénarios dessinés par le WEF soulèvent de sérieuses interrogations quant à leur impact réel sur l’autonomie des citoyens, la souveraineté économique des États et la nature même de la démocratie.

Le WEF prévoit l’automatisation massive de nombreux secteurs, notamment via l’intelligence artificielle et la robotique. Si certains métiers disparaîtront, d’autres émergeront, mais avec des exigences accrues en compétences numériques et une adaptabilité constante.
La montée du télétravail est vue comme une avancée, mais elle s’accompagne de risques : isolement, fragilisation du lien social, perte de protections collectives. Le modèle dominant pourrait devenir celui d’une "gig economy" mondialisée, flexible mais instable, où l’individu serait une unité mobile de production déconnectée de tout cadre national.

Le WEF soutient activement les projets de monnaies numériques de banques centrales (MNBC). Présentées comme des outils de modernisation et de lutte contre la fraude, ces monnaies permettraient des transactions plus rapides, traçables et contrôlables.
Mais ce virage pose une question fondamentale : quid de la vie privée financière et de la liberté de transaction ? Une monnaie programmable pourrait théoriquement conditionner l’usage de l’argent, restreindre certains achats, ou intégrer des critères ESG dans les comportements d’achat. Un tel système pourrait se transformer en instrument de surveillance économique en temps réel.

Le WEF envisage un monde ultra-connecté, où l’identité numérique servirait de clé d’accès unique à tous les services — santé, éducation, finance, mobilité. Officiellement conçue pour simplifier la vie quotidienne, cette centralisation soulève de nombreuses inquiétudes sur les droits fondamentaux.
Les libertés d’expression, de mouvement, de choix médical ou même de participation politique pourraient être conditionnées à des profils numériques validés par des algorithmes. Le glissement vers une logique de crédit social à la mode technocratique devient alors une possibilité réelle, bien qu’implicite.

Les scénarios promus par le Forum économique mondial en matière de travail, de monnaie et de libertés individuelles dessinent un monde plus connecté, mais aussi plus centralisé, normé et potentiellement contrôlé. Si les gains d’efficacité sont indéniables, ils risquent de se faire au prix d’un affaiblissement significatif de l’autonomie humaine et de la souveraineté populaire.
La question n’est pas uniquement technologique, elle est profondément politique : voulons-nous un avenir géré par des plateformes et des algorithmes, ou souhaitons-nous préserver la capacité des peuples à décider librement des règles qui les gouvernent ? Le futur ne doit pas être imposé — il doit être débattu.