

Dans l’écosystème du Forum économique mondial (WEF) et des institutions partenaires de l’agenda 2030, les plateformes numériques ne sont plus de simples outils techniques : elles deviennent des vecteurs normatifs. À travers elles s’imposent progressivement des standards comportementaux et éducatifs uniformisés, censés favoriser la durabilité, l’inclusion ou la résilience. Cette standardisation, souvent invisible, repose sur des algorithmes opaques, des partenariats public-privé et une orientation idéologique assumée. Loin de se limiter au domaine scolaire, elle touche l’ensemble de la vie civique, sociale et culturelle.

Le WEF encourage activement le déploiement de l’éducation numérique dans les systèmes scolaires, avec la collaboration d’acteurs comme Microsoft, Google, ou la Banque mondiale. Cela se traduit par :
• L’uniformisation des contenus pédagogiques en ligne, via des modules standardisés diffusés mondialement
• L’évaluation automatisée des élèves selon des grilles comportementales prédéfinies
• La promotion de compétences dites "transversales" (tolérance, adaptabilité, numérique, climat), au détriment des savoirs classiques
• La mise en place de "badges", "scores de compétence" ou "portefeuilles éducatifs" indexés à des plateformes globales

Au-delà de l’enseignement, les plateformes numériques dictent des attendus comportementaux implicites, à travers :
• Les règlements d’usage] des réseaux (mots interdits, formats d’expression, sujets sensibles)
• Les conditions de participation à certaines plateformes citoyennes ou éducatives, souvent liées à des valeurs "universelles" définies sans consultation
• La notion d’utilisateur responsable, évaluée en fonction de critères ESG, de participation civique ou d’attitudes "positives"
• L’attribution ou la suspension d’accès en fonction de ces comportements numériques "modélisés"

Cette homogénéisation numérique a des conséquences profondes :
• Marginalisation des savoirs traditionnels, locaux ou critiques, jugés non alignés avec les standards internationaux
• Uniformisation des langages, formats d’expression, références culturelles, au profit d’un anglais technocratique globalisé
• Standardisation des aspirations personnelles : réussite = employabilité numérique dans une économie verte planifiée
• Invisibilisation de toute vision alternative du monde (éducation classique, transmission intergénérationnelle, ancrage national)

La gouvernance de ces standards n’est pas démocratique. Elle repose sur :
• Des consortiums public-privé pilotés par le WEF, les Nations unies, ou des fondations privées
• Des entreprises de la tech qui conçoivent les infrastructures, sans redevabilité politique
• Des critères "globaux" sans contextualisation nationale, religieuse ou civilisationnelle
L’élève, le citoyen, le travailleur deviennent des objets d’un processus d’ingénierie comportementale silencieux.

La standardisation des normes éducatives et comportementales via les plateformes numériques s’inscrit dans une dynamique plus large de gouvernance algorithmique et déterritorialisée, telle que souhaitée par le Forum économique mondial. Ce modèle, s’il n’est pas interrogé, pourrait transformer l’éducation en instrument de conditionnement idéologique et réduire la pluralité culturelle au nom de l’efficience globale. Défendre une éducation libre, enracinée et pluraliste devient un enjeu civilisationnel face à cette tentative d’uniformisation technocratique.