

Le Forum Ă©conomique mondial (WEF) revendique la transparence, lâinclusivitĂ© et le dialogue global comme piliers de son action. Mais au-delĂ des apparences, quel est le vĂ©ritable degrĂ© dâouverture de ses discussions ? Les grands dĂ©bats de Davos sont-ils accessibles Ă lâopinion publique, ou bien sâagit-il de dĂ©libĂ©rations confinĂ©es entre Ă©lites Ă©conomiques, politiques et technocratiques ? La distinction entre Ă©vĂ©nements publics et sĂ©ances fermĂ©es rĂ©vĂšle une opacitĂ© structurelle qui pose problĂšme, surtout quand ces Ă©changes influencent directement lâagenda mondial.

Chaque annĂ©e, le WEF organise Ă Davos une rĂ©union de haut niveau rĂ©unissant dirigeants politiques, PDG, universitaires, responsables dâONG et reprĂ©sentants dâorganisations internationales. Une partie de ces discussions est effectivement diffusĂ©e en ligne : panels, discours officiels, prĂ©sentations prospectives.
Mais cette vitrine publique ne reflĂšte quâune fraction de la rĂ©alitĂ©. Les dĂ©cisions et Ă©changes les plus stratĂ©giques ont lieu dans des rĂ©unions Ă huis clos : sessions restreintes, bilatĂ©rales confidentielles, cercles de leadership, ou encore petits-dĂ©jeuners diplomatiques inaccessibles aux journalistes et aux observateurs indĂ©pendants.
Ce double niveau â communication publique et influence privĂ©e â confĂšre au Forum un rĂŽle ambigu entre think tank et centre de pouvoir parallĂšle.

LâaccĂšs aux sessions fermĂ©es du WEF est conditionnĂ© Ă des critĂšres trĂšs stricts : ĂȘtre membre contributeur (câest-Ă -dire un acteur Ă©conomique ayant payĂ© un droit dâentrĂ©e Ă©levĂ©), ĂȘtre expressĂ©ment invitĂ© par les organisateurs, ou occuper une fonction politique dâenvergure.
Cette sĂ©lection par le haut renforce une logique dâentre-soi, oĂč les orientations majeures se discutent entre acteurs partageant une mĂȘme vision du monde, souvent technocratique, post-nationale et favorable Ă la mondialisation.
MĂȘme les journalistes accrĂ©ditĂ©s nâont accĂšs quâĂ un nombre limitĂ© de confĂ©rences. Le contrĂŽle de lâimage est assurĂ© par le WEF lui-mĂȘme, qui produit ses propres contenus audiovisuels et gĂšre la communication institutionnelle.

Le fait que des sujets aussi cruciaux que la santé mondiale, les normes numériques, les politiques énergétiques ou la gouvernance climatique soient débattus en partie hors du regard public soulÚve des interrogations légitimes.
Comment justifier que des orientations politiques, parfois reprises ensuite par des gouvernements ou des institutions internationales, soient le fruit de discussions non documentées, entre partenaires non élus, sans procÚs-verbal ni reddition de comptes ?
Cette opacitĂ© renforce la perception dâun pouvoir global diffus, qui agit en dehors des mĂ©canismes dĂ©mocratiques traditionnels.

MalgrĂ© une apparence dâouverture et de modernitĂ©, le Forum Ă©conomique mondial fonctionne selon un modĂšle sĂ©lectif, voire Ă©litiste, qui rĂ©serve les dĂ©libĂ©rations les plus stratĂ©giques Ă un cercle restreint. Cette gouvernance informelle, qui influence profondĂ©ment les politiques publiques mondiales, se fait dans une relative opacitĂ©, incompatible avec les exigences de transparence et de responsabilitĂ© propres Ă toute dĂ©mocratie authentique.
Il est temps de remettre en question cette logique de discussions Ă huis clos sur des sujets dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, et dâexiger que les dĂ©cisions impactant les peuples soient prises devant eux â et non Ă leur insu.