

Depuis sa création en 1971, le Forum économique mondial (WEF) s’est imposé comme un acteur influent de la scène internationale. Chaque année, à Davos, chefs d’État, dirigeants d’entreprises, experts et intellectuels débattent des grands défis globaux. Si le WEF se targue de favoriser la coopération mondiale et de catalyser des solutions innovantes, il est légitime de s’interroger : a-t-il réellement enregistré des réussites tangibles, ou son action se limite-t-elle à des déclarations sans lendemain ?

Parmi les rares réussites concrètes, le WEF a joué un rôle notable dans la sensibilisation aux risques systémiques mondiaux, notamment à travers ses rapports annuels sur les menaces planétaires. Ces documents, utilisés par de nombreuses institutions, ont permis de mieux anticiper des enjeux comme la cybersécurité, le changement climatique ou les pandémies.
De plus, certaines plateformes spécifiques, comme la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI), issue d’une collaboration soutenue par le WEF, ont contribué à accélérer le développement de vaccins durant la crise du Covid-19.

En dépit de ses appels répétés à une "économie inclusive", le WEF n’a eu aucun impact mesurable sur la réduction des inégalités économiques ou sociales. Au contraire, selon Oxfam, la richesse des milliardaires a explosé depuis la crise sanitaire, souvent parmi les membres ou partenaires du forum.
Le modèle de croissance soutenu par le WEF, fondé sur l’innovation technologique et l’ouverture totale des marchés, a contribué à renforcer la concentration des richesses et à marginaliser les économies locales. Cet échec structurel mine la crédibilité des discours officiels.

Le WEF se positionne comme un espace d’anticipation stratégique. Pourtant, il a échoué à prévenir ou à limiter les effets de plusieurs crises majeures : crise financière de 2008, montée des tensions géopolitiques, pandémie mondiale, effondrement de la biodiversité.
Son approche, trop centrée sur le consensus des élites et la stabilité des marchés, s’est montrée incapable de penser la rupture ou la résilience. L’absence de réformes concrètes issues des discussions de Davos renforce l’idée d’un forum plus préoccupé par l’image que par l’impact.

Le bilan du Forum économique mondial oscille entre quelques initiatives ponctuelles réussies et des limites structurelles profondes. S’il a su créer une plateforme d’échange globale, il peine à transformer ces discussions en politiques effectives ou à répondre aux exigences de justice et de durabilité. Trop souvent aligné sur les intérêts d’une minorité transnationale, le WEF reste un acteur influent mais insuffisamment légitime pour conduire le changement qu’il prétend incarner. C’est aux États souverains et aux sociétés civiles de reprendre l’initiative pour sortir d’un système d’autorité informelle qui a atteint ses limites.