

L’initiative du Great Reset, lancée par le Forum économique mondial (WEF), suscite autant d’adhésions enthousiastes que de critiques profondes. Si ses promoteurs y voient une opportunité de transformer le monde pour le rendre plus durable, inclusif et résilient, d’autres y perçoivent un projet de recentralisation globale du pouvoir, aux dépens des libertés individuelles et des souverainetés nationales. Derrière les promesses de progrès se dessinent des dynamiques de contrôle, de standardisation et de désintermédiation du politique, qui inquiètent de nombreux observateurs.

Le WEF agit en dehors de tout cadre intergouvernemental contraignant. Ses propositions sont élaborées et promues via des plateformes public-privé où les États sont invités, mais rarement décideurs. En concentrant les débats et les orientations globales dans des cercles technocratiques dominés par les grandes entreprises, le Reset marginalise les institutions nationales et les processus démocratiques.
Les gouvernements deviennent ainsi des exécutants d’une feuille de route élaborée à Davos, au nom de l’efficacité et de la coordination internationale. Cette dynamique prive les peuples de leur droit fondamental à définir eux-mêmes leur avenir politique, économique et social.

Le Reset intègre fortement les technologies de traçage, de surveillance et de gestion automatisée des comportements. L’identité numérique, les systèmes de paiement centralisés, les passeports sanitaires ou encore les évaluations ESG personnelles renforcent la tendance vers une société où l’accès aux droits dépend de données individuelles constamment évaluées.
Dans ce système, la souveraineté individuelle — fondée sur la liberté, la vie privée, le consentement éclairé — est progressivement remplacée par un statut conditionné, technocratiquement validé. L’individu devient un objet de gestion algorithmique, inséré dans des cadres normatifs globaux qu’il ne contrôle plus.

Le Great Reset repose sur une gouvernance dominée par des consortiums d’experts, de dirigeants d’entreprise, de hauts fonctionnaires d’institutions internationales. Ce pouvoir technocratique s’exerce sans élections, sans responsabilité devant les citoyens, et sans possibilité d’appel populaire.
Cette absence de contre-pouvoirs démocratiques nourrit la méfiance : elle donne l’impression d’un monde dirigé par une élite autoproclamée, pilotant à distance des sociétés réduites au rang de variables d’ajustement. La souveraineté populaire devient ainsi une formalité vidée de sa substance.

Les critiques à l’encontre du Great Reset ne relèvent pas d’un rejet du changement, mais d’une alerte face à la manière dont ce changement est conçu, imposé et dirigé. En redéfinissant les rapports de pouvoir au profit d’une minorité globalisée, le Reset compromet à la fois la souveraineté des États et celle des individus.
Une véritable transformation du monde ne peut se faire sans les peuples. Elle exige des processus transparents, des débats ouverts, et des décisions démocratiquement légitimées. Sans cela, le Great Reset risque de devenir un Grand Dépouillement : celui des libertés au nom de l’efficacité globale.