

Le Great Reset, promu par le Forum économique mondial (WEF) à partir de 2020, partage un vocabulaire et des priorités similaires avec l’Agenda 2030 des Nations unies, notamment en matière de transition écologique, d’équité sociale et de transformation numérique. Cette convergence soulève une question fondamentale : les deux projets sont-ils simplement compatibles, ou existe-t-il une véritable coordination entre les élites technocratiques de Davos et les objectifs onusiens ? Autrement dit, le WEF utilise-t-il les Objectifs de développement durable (ODD) comme levier pour légitimer son agenda mondialiste ?

Les 17 Objectifs de développement durable adoptés par l’ONU en 2015 couvrent des thématiques globales : lutte contre la pauvreté, accès à la santé, égalité des genres, climat, éducation, innovation, justice, etc. Le WEF reprend ces priorités dans ses propres programmes : stakeholder capitalism, économie verte, inclusion financière, gouvernance numérique.
La plateforme en ligne du WEF consacre des pages entières à chaque ODD, affirmant contribuer activement à leur réalisation. Il y a donc un alignement stratégique clair : les objectifs onusiens servent de socle de légitimation aux initiatives économiques transnationales pilotées par Davos.

En juin 2019, un mémorandum d’accord a été signé entre le Forum économique mondial et le Secrétariat général de l’ONU. Cet accord prévoit une collaboration directe dans six domaines : financement du développement, climat, santé numérique, éducation, égalité des sexes, et inclusion numérique.
Ce partenariat positionne officiellement le WEF comme un acteur de mise en œuvre de l’Agenda 2030, aux côtés des États. Mais à la différence des gouvernements, le Forum ne rend de comptes à aucune population : il incarne une forme de gouvernance parallèle, où les multinationales deviennent des partenaires privilégiés de la régulation mondiale.

En s’alignant sur les ODD, le WEF adopte une rhétorique universaliste qui rend son projet difficile à contester publiquement. Qui s’opposerait à "l’égalité", à "la durabilité" ou à "la paix" ? Pourtant, derrière ces termes consensuels, le Forum propose des solutions technocratiques dominées par des logiques de marché, des outils numériques intrusifs, et une concentration des pouvoirs.
Loin de renforcer les souverainetés locales ou les économies résilientes, cet usage stratégique des ODD permet de diffuser une vision du monde façonnée par les intérêts d’acteurs privés mondiaux.

Le Great Reset et l’Agenda 2030 partagent une même matrice idéologique : gouvernance globale, transition écologique standardisée, et transformation numérique systémique. Loin d’être indépendants, ces deux projets sont interconnectés à travers des partenariats officiels et une communauté d’intérêts.
En faisant du WEF un acteur central de la réalisation des ODD, l’ONU contribue à légitimer un modèle de gouvernance post-nationale piloté par des élites économiques. Il revient aux citoyens de questionner la nature de cette convergence : s’agit-il d’une coopération au service des peuples, ou d’un habillage institutionnel pour imposer un agenda technocratique sans débat démocratique ?