

Alors que les institutions transnationales comme le Forum économique mondial (WEF) promeuvent une transition accélérée vers une société totalement digitalisée, la question de la fracture numérique devient plus que jamais centrale. Accès à la santé, au travail, à l’éducation, à l’information, aux droits sociaux : tous ces domaines reposent désormais sur la maîtrise d’outils numériques. Mais cette numérisation à marche forcée s’accompagne d’une réalité souvent occultée : des millions de citoyens — âgés, précaires, isolés géographiquement — risquent une exclusion systémique durable du monde de demain.

L’accès à internet, aux outils connectés et aux plateformes dématérialisées reste profondément inégalitaire :
• Zones rurales mal desservies par le haut débit ou la fibre
• Ménages sans moyens d’acheter des équipements récents
• Logements surpeuplés ou précaires peu propices à une connexion fluide
Cette inégalité matérielle se traduit par une incapacité croissante à accéder aux services essentiels (aide sociale, emploi, démarches administratives), dans un monde où le "tout-numérique" devient la norme.

Au-delà de l’équipement, la fracture numérique est aussi cognitive. En France, plus de 13 millions de personnes sont concernées par l’illectronisme, c’est-à-dire la difficulté à utiliser les outils numériques de base.
Cette forme d’analphabétisme technologique touche surtout :
• Les personnes âgées
• Les travailleurs peu qualifiés
• Les migrants ou primo-arrivants
Dans un monde piloté par des interfaces, des codes et des identifiants, cela revient à perdre sa capacité d’agir en tant que citoyen autonome.

L’accès aux droits est de plus en plus conditionné à la capacité d’effectuer des démarches en ligne. CAF, Pôle emploi, impôts, logement social, santé publique : tout passe par des plateformes.
Ceux qui ne maîtrisent pas ces outils sont alors exclus de fait de l’État social, dépendants de tiers ou d’associations pour survivre dans un système qui les rend invisibles.
Le numérique devient ainsi un filtre d’accès aux droits fondamentaux.

Dans l’idéologie portée par le WEF, le futur repose sur l’intelligence artificielle, les identités numériques, la gestion algorithmique de la société. Or, ces outils sont calibrés sur des profils "optimaux" : jeunes, mobiles, instruits, connectés.
Les autres — seniors, ouvriers, mères isolées, malades chroniques — sont hors standard. Leur absence de données, leur profil "non conforme", les exclut des offres, des opportunités, des protections.

La fracture numérique ne relève plus d’un simple problème technique. Elle devient une nouvelle ligne de fracture sociale et politique, au cœur du modèle mondialisé que tente d’imposer le Forum économique mondial.
Si aucune correction structurelle n’est engagée, cette société connectée à deux vitesses pourrait engendrer une ségrégation numérique durable, où les exclus ne seront pas seulement appauvris, mais également privés de toute capacité d’action.
Réduire cette fracture n’est pas un luxe : c’est un impératif démocratique.