

Dans le cadre de la transition numérique globale soutenue par le Forum économique mondial (WEF), l’identité numérique est présentée comme une clé d’accès universelle, censée simplifier la relation entre citoyens, entreprises et administrations. Si ce dispositif peut sembler pratique en apparence, il soulève de sérieuses inquiétudes. Car sous couvert d'efficacité, se profile un système où l'accès aux services les plus essentiels — santé, éducation, crédit, mobilité — deviendrait conditionné à une validation technologique permanente.

L’identité numérique envisagée par les acteurs du WEF, en lien avec des institutions comme l’ONU, la Banque mondiale ou la Commission européenne, regroupe en un seul identifiant :
• Les données personnelles (nom, date de naissance, adresse)
• Les documents administratifs (passeport, permis, cartes de sécurité sociale)
• Les données de santé, bancaires, fiscales et professionnelles
• L’historique numérique (achats, navigation, déplacements, comportements)
Tout accès à un service public ou privé passe par cette identité unique, stockée dans des serveurs potentiellement interconnectés à l’échelle internationale.

L’un des risques majeurs est la conditionnalité d’accès à certains droits fondamentaux selon des critères techniques ou comportementaux :
• Refus de prêt bancaire si le score numérique ou ESG est jugé "risqué"
• Restriction de déplacement si l’identité numérique n’est pas à jour ou conforme (vaccination, assurance, statut fiscal)
• Accès aux services publics suspendu en cas de "non-conformité" ou de données manquantes
• Logement et emploi soumis à vérification numérique automatisée de solvabilité ou de comportement passé

Ce système ouvre la voie à un monde où la mobilité — physique comme sociale — est conditionnée en temps réel.
• Un citoyen pourrait se voir refuser l’entrée dans une zone, un moyen de transport ou un établissement si son identité numérique signale un "risque"
• Les achats, abonnements ou connexions pourraient être suspendus par des systèmes automatisés
• Le consentement n’est plus requis : l’usage devient obligatoire pour fonctionner dans la société

À terme, l’identité numérique pourrait être couplée à un système de notation sociale, sur le modèle testé en Chine, où le comportement, la consommation, la sociabilité, voire les opinions exprimées, influent sur les droits effectifs.
Le citoyen devient un profil de données modifiable, suspendable, corrigeable selon des critères définis par des institutions ou entreprises sans légitimité électorale.

Derrière l’apparente simplicité administrative, la généralisation de l’identité numérique prépare une mutation du rapport entre l’individu et l’État — ou plutôt, entre l’individu et des structures globales technocratiques. En rendant conditionnels des droits fondamentaux, elle transforme l’accès à la citoyenneté en privilège algorithmique. Le risque n’est pas seulement technique, il est politique : accepter cette architecture revient à céder, pas à pas, notre autonomie, notre vie privée et notre souveraineté individuelle à des systèmes que nous ne contrôlons plus.