
Introduction
Le Forum économique mondial (WEF) revendique depuis plusieurs années son engagement en faveur de l’égalité des sexes et de l’inclusion des nouvelles générations dans les débats mondiaux. À travers des programmes spécifiques tels que les Young Global Leaders ou les rapports sur l’écart entre les genres, il se positionne comme promoteur d’un leadership plus diversifié. Mais derrière cette communication, quelle est la réalité de la participation des femmes et des jeunes à Davos ? S’agit-il d’un véritable partage du pouvoir décisionnel, ou d’un habillage progressiste sans impact structurel ?

Chaque année, le WEF publie son Global Gender Gap Report, mettant en avant les progrès réalisés par certains pays en matière d’égalité. Il valorise également la participation de femmes leaders dans des panels visibles. Toutefois, ces avancées restent largement cosmétiques : les femmes ne représentent qu’une minorité des intervenants dans les sessions stratégiques à huis clos.
Le cœur décisionnel du forum reste dominé par des figures masculines issues du monde des affaires et de la finance, perpétuant une répartition traditionnelle du pouvoir. La parité affichée dans la communication ne se traduit pas par une redistribution réelle des responsabilités.

Le WEF a mis en place plusieurs programmes pour intégrer les jeunes dans ses discussions, notamment à travers les Global Shapers ou le réseau des Young Global Leaders. Ces plateformes offrent à des profils prometteurs une visibilité internationale et un accès privilégié aux élites économiques et politiques.
Mais cette intégration s’opère selon un principe de sélection idéologique : les jeunes admis dans ces cercles sont ceux qui adhèrent à la vision globaliste du forum. Loin d’être un espace de contestation ou d’innovation politique, cette jeunesse cooptée sert à renouveler les visages du système sans en remettre en cause les fondements.

Le WEF produit de nombreux classements et index sur la représentation des femmes et des jeunes dans le monde du travail, de la politique ou de la tech. Ces données, bien que parfois utiles, servent aussi à conforter le narratif d’un forum progressiste.
Or, ces indicateurs ne mesurent pas la qualité réelle de la participation, ni la capacité d’influence sur les grandes orientations du forum. Ils occultent les mécanismes de verrouillage, d’exclusion silencieuse et de reproduction des élites en place.

Le WEF valorise la diversité dans ses visuels, ses panels et ses récits, mais cette diversité reste strictement encadrée. Les femmes et les jeunes mis en avant sont systématiquement alignés avec les principes de gouvernance technocratique, de croissance verte, de numérisation et de capitalisme inclusif.
Il ne s’agit donc pas d’une diversité politique ou conceptuelle, mais d’un pluralisme de façade. L’apparente ouverture masque une homogénéité idéologique profonde, qui neutralise toute remise en cause des structures de pouvoir dominantes.

La place des femmes et des jeunes dans les discussions du Forum économique mondial illustre un phénomène de vitrine inclusive sans redistribution du pouvoir. Si leur visibilité progresse, leur rôle dans l’élaboration des stratégies reste limité, encadré, conditionné.
Derrière le discours égalitaire et progressiste, le WEF perpétue une structure fermée, où l’innovation sociale est tolérée à condition qu’elle ne remette pas en question les fondements du système. Il est donc urgent de dépasser l’esthétique de la diversité pour exiger une refonte des logiques de sélection, de représentation et de légitimité au sein des espaces de gouvernance globale.