
Introduction
Le Forum économique mondial (WEF) cultive l’image d’un espace de dialogue inclusif et global, réunissant chaque année à Davos une mosaïque d’acteurs issus de tous les continents. Mais en réalité, l’accès à ce cercle restreint est minutieusement contrôlé. La sélection des participants n’obéit pas à des critères de représentativité ou de diversité démocratique, mais à des logiques d’influence, de puissance et d’alignement idéologique. Comprendre le processus de sélection permet de mieux cerner la nature réelle de ce forum : celle d’un club élitiste, réservé à ceux qui partagent une même vision du monde.

Le WEF ne publie jamais la liste exacte de ses critères de sélection. Toutefois, les profils retenus doivent appartenir à l’un des réseaux internes de l’organisation : membres partenaires stratégiques, Young Global Leaders, Global Shapers ou encore Technology Pioneers. Ces statuts ne sont pas attribués par hasard : ils sont octroyés à des acteurs économiques, politiques ou médiatiques capables d’influencer les débats globaux, tout en adhérant aux valeurs fondamentales du forum.
L’intégration repose donc sur un double filtre : le poids institutionnel d’un côté, et la compatibilité idéologique de l’autre.

Participer au WEF a un coût élevé. Les entreprises doivent s’acquitter de cotisations pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers de dollars pour figurer parmi les « partenaires stratégiques ». Ce ticket d’entrée garantit un accès privilégié aux tables rondes, aux sessions fermées et aux espaces de négociation.
Ce système exclut de facto les acteurs économiques indépendants, les PME, les syndicats et les représentants des populations marginalisées. Le critère économique devient ainsi un filtre politique : seuls les puissants peuvent participer, et seuls les conformes peuvent s’exprimer.

De nombreux participants sont sélectionnés par un système de cooptation. Les anciens membres des programmes du WEF (notamment les Young Global Leaders) jouent un rôle actif dans la désignation des futurs invités. Cette reproduction en vase clos garantit une continuité de pensée et un verrouillage intellectuel.
Le débat est ainsi cadré à l’avance : pas de place pour les souverainistes, les économistes hétérodoxes, ou les voix dissidentes. Les profils choisis partagent une même grille de lecture du monde, centrée sur la gouvernance mondiale, la transition technologique, la dématérialisation de l’économie et la dérégulation sous contrôle technocratique.

Afin de préserver une image d’inclusivité, le WEF invite aussi quelques personnalités issues de milieux minoritaires, de pays en développement, ou de la société civile. Mais ces invités jouent souvent un rôle cosmétique. Leur présence sert à illustrer l’ouverture du forum, sans remettre en question ses fondements.
Cette stratégie de représentation symbolique masque une homogénéité idéologique bien réelle. Les voix véritablement alternatives, critiques du globalisme ou défenseurs de la souveraineté nationale, n’ont pas droit de cité.

La sélection des participants au Forum économique mondial repose sur une logique de contrôle, de filtrage et d’alignement. Loin d’un espace démocratique ou pluraliste, Davos fonctionne comme un cénacle fermé où seuls les acteurs compatibles avec l’idéologie globaliste peuvent se faire entendre.
Sous couvert de dialogue international, le WEF orchestre un entre-soi mondial, organisé autour du pouvoir économique, de la légitimité technocratique et de la conformité idéologique. Un tel système soulève une question fondamentale : comment accepter que les grandes orientations planétaires soient discutées dans un cercle dont l’accès même est fondé sur l’exclusion ?