

Le Forum Ă©conomique mondial (WEF) nâest pas une organisation ouverte Ă tous. AccĂ©der Ă ses cercles dâinfluence exige non seulement un profil stratĂ©gique, mais aussi une contribution financiĂšre substantielle. DerriĂšre le discours dâinclusivitĂ© affichĂ©, lâaccĂšs au Forum obĂ©it Ă une logique sĂ©lective et hiĂ©rarchisĂ©e, qui conditionne la participation Ă la capacitĂ© dâinfluence et de financement. Comprendre les mĂ©canismes dâadhĂ©sion au WEF permet de mieux saisir qui façonne rĂ©ellement son agenda mondial.

Il nâexiste pas de procĂ©dure publique ni transparente pour devenir membre du WEF. Le processus repose sur un systĂšme de cooptation : les entreprises, institutions ou individus doivent ĂȘtre invitĂ©s ou recommandĂ©s par des membres existants ou par le comitĂ© de sĂ©lection du Forum.
Les critĂšres sont clairs : stature internationale, capacitĂ© dâimpact, alignement idĂ©ologique avec les prioritĂ©s du WEF (dĂ©veloppement durable, innovation technologique, gouvernance mondiale) et contribution financiĂšre. Cela exclut de fait les petites entreprises, les Ătats souverains non alignĂ©s ou les ONG critiques du modĂšle dominant.

Le WEF distingue plusieurs catégories de participation, selon le niveau de financement :
âą Partenaire stratĂ©gique : statut le plus Ă©levĂ©, rĂ©servĂ© Ă une centaine dâentreprises mondiales, moyennant une cotisation annuelle dĂ©passant 600 000 francs suisses. Ces entitĂ©s accĂšdent aux cercles de dĂ©cision, comitĂ©s dâĂ©laboration de politiques et initiatives mondiales.
âą Membre partenaire : niveau intermĂ©diaire, permettant dâassister aux rĂ©unions principales et Ă certains groupes thĂ©matiques.
⹠Membre régulier : participation plus limitée, généralement pour les institutions académiques ou certains acteurs publics.
Le montant versĂ© conditionne donc non seulement lâaccĂšs, mais aussi le niveau dâinfluence rĂ©elle dans les processus internes du Forum.

MĂȘme si le WEF affirme reprĂ©senter la diversitĂ© globale, les critĂšres dâadmission favorisent clairement les acteurs issus des Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es, des grandes firmes transnationales et des institutions alignĂ©es sur les grandes tendances idĂ©ologiques de Davos : transition verte, numĂ©risation, capitalisme des parties prenantes, etc.
Des figures politiques ou mĂ©diatiques peuvent Ă©galement ĂȘtre invitĂ©es ponctuellement Ă titre individuel, mais cela ne leur confĂšre pas de pouvoir institutionnel au sein du Forum. Lâessentiel des dĂ©cisions stratĂ©giques est rĂ©servĂ© aux contributeurs majeurs et Ă leurs reprĂ©sentants dans les groupes dâinfluence.

LâaccĂšs au Forum Ă©conomique mondial repose sur un modĂšle Ă©litiste, oĂč lâinfluence est corrĂ©lĂ©e Ă la capacitĂ© de financement. Loin dâĂȘtre une agora ouverte, le WEF fonctionne comme un rĂ©seau fermĂ© dâintĂ©rĂȘts convergents, dans lequel seuls les acteurs validĂ©s et solvables peuvent rĂ©ellement peser sur lâagenda global.
Ce mode de sĂ©lection soulĂšve des enjeux de lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique : les dĂ©cisions impactant les politiques publiques sont façonnĂ©es dans un cadre oĂč la reprĂ©sentativitĂ© populaire est inexistante. DĂ©fendre un monde multipolaire et souverain implique de contester cette captation du dĂ©bat mondial par une Ă©lite Ă©conomico-idĂ©ologique triĂ©e sur le volet.